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Le patrimoine industriel : rigidité ou boussole face aux inconnus des transitions ?
Dans le cadre du cycle 2024/25 des séminaires "Innover en Management " du Cercle de l'innovation

Le patrimoine industriel est le plus souvent perçu par sa dimension matérielle - usines, outils et machines, bâtiments – que l’entreprise a rassemblé et sur lequel elle construit ses capacités de production contemporaine. D’un point de vue gestionnaire, cette ressource apparait comme une conjugaison plus ou moins heureuse des bénéfices cumulés par les investissements passés et des limites imposées par leur dépendance de sentier qui vont conditionner fortement la capacité d’innovation et de transformation de l’entreprise. Face aux transitions, on peut donc légitimement poser la question de la rigidité organisationnelle imposée par le patrimoine industriel du collectif.
Pourtant, historiens, sociologues des techniques et géographes nous proposent des définitions plus riches du patrimoine industriel, combinant les ressources matérielles à des usages, des façons d’habiter les territoires industriels et des représentations sociotechniques de la « bonne » action collective qui vont inclure les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être. De plus, le concept de « patrimonialisation », familier dans ces disciplines, introduit des principes d’évolution et de mise à jour régulières du patrimoine pour s’adapter à des évolutions de contexte (intrinsèques ou extrinsèques à ces parties prenantes). Ces travaux montrent que la sélection de ce qui rentre ou sort du patrimoine est régit par des hiérarchies de valeurs propres à la culture et l’expérience commune des acteurs concernés. Nous appuyant sur une opérationnalisation de cette notion dans le cas d’une ETI souhaitant développer la robustesse de son organisation face aux transitions, nous montrerons alors comment le patrimoine industriel peut devenir une boussole face aux transitions.